• Je suis Charlie, Nous sommes Charlie
  • Une interview très touchante
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Petit rappel des faits...

Ce mercredi 7 janvier 2015 devait, normalement, être une journée comme les autres... Mais c'était sans compter sur les attaques terroristes des frères Kouachi contre le journal Charlie Hebdo qui fera 12 morts dont les dessinateurs Charb, Cabu, Honoré, Tignous.... Le jeudi 8 janvier, la traque des frères continuait et une fusillade à Montrouge a lieu tuant une policière... Le vendredi 9 janvier ressemblera aux jours précédents, avec un nouvel attentat dans un Hyper Cacher Porte de Vincennes à Paris par Amédy Coulibaly tuant 4 personnes...

Les 3 terroristes seront tués sur des assauts des forces de l'ordre françaises en fin d'après midi du 9 janvier 2015. Ils ont voulu tuer un journal, mais ils l'ont en fait plutôt ressuscité vu que le numéro suivant les attentats a été tiré à plus de 7 millions d'exemplaires au lieu de 60 000 habituellement... A la suite de ces attentats, un mouvement de "Vivre ensemble" avec des rassemblements "Je suis Charlie" dans les rues des villes partout en France mais aussi dans le Monde s'est spontanément créé. Le dimanche 11 janvier 2015 lors de La Marche Républicaine pour le "Plus jamais ça !", presque 4 millions de personnes se sont rassemblées ainsi que de nombreux chefs d'Etats ou Premiers Ministres étrangers. Du jamais vu depuis la Libération de la France en 1944...


Un Jamel attristé, qui n'arrive plus à rire...

Comme tous, Jamel a été très touché, attristé par ces événements... Et il ne s'est pas directement exprimé sur ce drame à part le message "Depuis mercredi je ne trouve pas les mots pour décrire ma peine et ma douleur. Je pense aux victimes et à leurs familles. Ce soir je suis triste et désemparé. Pour la première fois je n'ai pas envie de rire, mais il va falloir se relever. À dimanche. JD." sur les réseaux sociaux. Il a ensuite participé à la Marche Républicaine, ce moment Historique, pour la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.

Il choisira, dans les jours qui suivront, d'enregistrer une interview entre émotion et colère, pour condamner ces attentats. Cette dernière sera diffusée dans l'émission "7 à 8" du dimanche 18 janvier 2015. Cette interview sera très applaudie et aura touché énormément de monde. Multi-partagée sur les réseaux sociaux, elle aura été vu 7 millions de fois lors de sa diffusion et aussi plus d'1 million de fois dans les 6 jours qui suivront sa diffusion sur TF1 !



Ma Foi et Ma République

Il a eu des mots très durs envers ceux qui touchent aux valeurs de la République, aux valeurs de la France, qu’il jure vouloir défendre « corps et âme » mais aussi pour dénoncer l’abandon des quartiers, et surtout de celles et ceux qui oeuvrent déjà, depuis longtemps, à l’intégration et à l’accompagnement des jeunes, à lutter contre les frustrations nourries par les horizons bouchés et les discriminations.. Jamel est un enfant de cette République, mais aussi un enfant de ces quartiers qu’on stigmatise. Il a eu de la chance, et il le reconnaît : il sait ce qu’il doit à la France et l’a toujours affirmé.

Jamel est aussi musulman, et cela, il n’en avait jamais parlé, parce que c’était un non-sujet, pour lui. C’était une affaire privée. Mais il se sent obligé aujourd’hui de le revendiquer, pour empêcher les intégristes de s’approprier sa religion, pacifique, non-violente, « d’amour, de paix et de tolérance » selon ses mots.

"Être Charlie", pour lui, c’est tout simplement défendre les valeurs de la République, au-delà du malaise personnel qu’on peut ressentir devant des caricatures. Jamel fait part de sa propre gêne, lui qui n'a "pas la culture du blasphème".

Mais en France on peut tout dire, on peut donc également exprimer son désaccord, avec véhémence même, mais on ne peut pas insulter, agresser, tuer parce qu’on n’est pas d’accord. S'il a tenu à prendre la parole, c'est justement pour donner une voix à ces jeunes qui "ne sont pas Charlie", parce qu’ils n’arrivent pas à réconcilier leur attachement aux valeurs de la France, dont ils se sentent exclus, avec leur culture et/ou leur religion.


Si vous avez loupé cette interview, elle est disponible sur cette page. N'hésitez pas à la partager et à en parler autour de vous. Cette interview mérite d'être vue et devrait être diffusée dans toutes les écoles de France ! En tout cas, pour nous, elle est à voir... Absolument !



Selon Thierry Demaizière, la parole de Jamel, qui est un exemple d'intégration, était indispensable après les attentats Charlie Hebdo. Il a discuté une nuit au téléphone avec Jamel pour le convaincre de faire l'interview de 7 à 8. Jamel Debbouze, français, musulman, patriote et croyant, réagit aux attentats contre Charlie Hebdo.

Jamel Debbouze revient sur les deux attentats qui ont coûté la vie à 17 personnes. Le comédien condamne fermement ces attaques, et recentre le débat sur les valeurs de la République.

Depuis les attentats, Jamel ne rit plus et a perdu l'envie de rire. Il est resté pendant 10 jours sans voix, hagard, abasourdi, anéanti par tant de violence. S'il prend la parole ce soir, c'est pour réconcilier les Charlie et ceux qui ne le sont pas. S'il parle pour la premère fois de sa foi, c'est pour dire sa fierté d'être français et musulman. Le roi de la vanne ne fait pas le clown ce soir, car l'heure est grave. Il parle comme un grand frère des jeunes des quartiers, il parle surtout comme un patriote fier de son pays et prêt à l'aider à se reconstruire.




Jamel, c'est arrivé il y a 10 jours, vous avez été dans un premier temps sans voix, comme sidéré, terrifié...

Oui, c'est exact, j’ai pas su réagir, j'ai même pas réussi à penser, j’étais littéralement sonné.

Et dimanche dernier par contre, vous étiez Place de la République...

Bien sûr, naturellement, j’étais Place de la République, avec tous mes frères et soeurs français, défilant, marchant tous dans la même direction. Avec une émotion très forte, j’avais jamais vécu ça pendant une manif. J’étais sonné à ce moment-là, mais il y a quelque chose qui renaissait, comme un élan d’espoir, de voir toute cette foule marchant dans la même direction et atteinte de la même manière, ça m’a rassuré sur la France et ça m’a rappelé combien la République était forte.

Vous avez souvent dit que vous aimiez la France.

Oui.

C’est quoi votre France ?

C’est celle de la différence, c’est celle de la multiculture, de la tolérance, de l’amour, de la paix, c’est celle qui m’a amené là où je suis, c’est celle d’un pays avec des valeurs nobles auxquelles j’adhère pleinement, parce que ces valeurs m’ont rendu service. C’est un magnifique pays, la France.

Selon vous, est-ce qu’il y avait assez de jeunes des banlieues à cette manif ?

À vrai dire, c’est mon seul regret. En marchant, j’ai eu des manifestations d’amour, des gens sont venus m’embrasser, me dire qu’ils étaient pleinement avec nous, comme si j’étais représentatif de quoi que ce soit. On me demandait de porter des messages aux gens des quartiers, aux musulmans, comme s’ils n’étaient pas assez représentés. C’est vrai effectivement, je me suis rendu compte qu’on n’était pas assez nombreux. Y en avait, mais on n’était pas assez nombreux.

Certains jeunes musulmans n’ont pas osé sortir parce qu’ils ont honte…

J’ai envie de leur dire qu’ils n’ont absolument rien à voir avec les assassins. Ils n’ont absolument rien à voir, ils n’ont pas à se justifier, il faut qu’ils soient fiers de leur identité. Fiers d’être musulmans, fiers d’être français, fiers d’être ce qu’ils sont et que n’oublions pas qu’on parle d’une horreur, mais elle concerne une minorité de gens. Moi j’ai envie de parler aux millions, aux millions d’autres qui ne sont absolument pas concernés et qui sont comme moi, hagards, et qui se retrouvent dans une position très inconfortable, en devant se justifier. Très très inconfortable. Et puis certains se sont désolidarisés des caricatures. On peut pas leur en vouloir pour ça. On n’a pas la culture du blasphème. On nous a jamais appris à blasphémer. J’ai passé mon temps à ne pas dire que j’étais musulman. Pas parce que j’en n’étais pas fier, loin de là, mais parce que je considérais que c’était pas un sujet. Qu’on n’avait pas besoin d’affirmer son identité, sa différence, qu’on était tous pareils. C’était peut-être un peu utopique, aujourd’hui. Mais c’est vrai, j’ai jamais eu besoin de le faire. Aujourd’hui, j’ai presque besoin de le revendiquer, comme pour dire : ne vous inquiétez pas, on est pareils, malgré nos différences. Je suis français, musulman, artiste, je suis né à Barbès, j’ai grandi à Trappes, je suis père de deux enfants, marié à une chrétienne, journaliste, très très belle, et ça pour moi, c’est la France.

Vous avez un fils qui s’appelle Léon.

Léon Ali. Ma fille s’appelle Lila Fatima Brigitte.

Vous êtes croyant ?

Oui.

Vous n’en aviez effectivement jamais parlé.

J’ai jamais eu envie de le dire ni besoin de le faire, parce que ma mère, mes parents m’ont appris la religion avec tout ce que ça implique d’humilité, et d’intimité. Ma mère m’a toujours dit : "Dieu est dans le coeur des hommes, c’est pour toi, garde-le au fond de toi, ça ne concerne personne d’autre que toi".

Est-ce que vous avez été choqué, vous, par les caricatures de Mahomet ?

J’ai été déstabilisé.

Vous l’aviez dit à l’époque, à vos copains de Charlie Hebdo, vous l’aviez dit à Cabu ?

Effectivement, j’ai manifesté que j’étais mal à l’aise. Je suis mal à l’aise avec le blasphème. C’est pas de ma faute, c’est dans ma culture. Quand je vois un dessin de deux prêtres qui s’enculent, ça me… Je ne suis pas bien. Ça ne me fait pas rire. C’est pas pour autant que je ne condamne pas ce qu’il s’est passé. On ne peut pas insulter, agresser ou tuer parce qu’on n’est pas d’accord avec l’autre. Ça n’est pas pensable, ça n’existe pas, ça n’est pas possible. On peut manifester son mécontentement, on peut n’être pas d’accord et le revendiquer avec ferveur, mais on ne peut pas agresser, on ne peut pas insulter, on ne peut pas tuer au nom de ça, c’est pas possible.

Mais vous comprenez que la liberté d’expression dans ce pays fait que le blasphème n’est pas un délit. La diffamation est un délit, mais le blasphème n’est pas un délit.

Tout à fait, évidemment que je le comprends, et c’est ça la force de la République et de la France. Je me battrai pour qu’on ne vous fasse pas de mal, je me battrai pour que vous puissiez exister, je me battrai pour que vous puissiez dire tout ce que vous voulez dire, mais je comprends aussi les gens qui ont été choqués et destabilisés par ces caricatures parce qu’ils n’ont pas cette culture du blasphème. Ce qui m’a attristé, c’est que les gens ont confondu. On peut descendre dans la rue pour défendre les valeurs de la République, même si on n’est pas d’accord avec les caricatures. Ça n'a strictement rien à voir. C’est cette incompréhension-là qui me pousse à vous parler aujourd’hui.

De ces gamins qui n’ont pas osé ?

Qui n’ont pas osé, et qui ne se sentent pas représentés, qui ne se sentent pas aimés.

Ils ne se sentent pas citoyens, à votre avis ? Parce que c’était dimanche une manifestation de citoyens ?

Bien sûr qu’ils sont citoyens. Malheureusement on ne le leur a pas suffisamment bien rappelé, et on ne les a pas suffisamment considérés pour qu’ils le revendiquent pleinement comme je le fais. J’ai été aimé, on m’a donné de l’amour, on m’a écouté, j’ai eu affaire à des acteurs sociaux qui m’ont permis de devenir ce que je suis aujourd’hui. La France a permis à mes parents de travailler, elle les a aidés quand ils en ont eu besoin. Et évidemment, pour tout ça, je remercie la France, je suis pleinement citoyen, et je défendrai la France corps et âme, pour tout ce qu’elle a apporté à ma famille, et à tous les gens qui comme nous, arrivions d’un pays, et étions hagards face à cette nouvelle culture. On nous a accompagnés, on nous a écoutés, on nous a considérés et on nous a aimés. Moi j’ai eu ça, j’ai eu cette chance. Tous les gamins des quartiers aujourd’hui n’ont pas cette chance. Et c’est cette frustration qui a fait qu’ils ne sont pas descendus dans la rue.

Il y a eu 200 incidents d’enfants qui n’ont pas voulu respecter la minute de silence. Qu’est-ce que vous dites à ces enfants-là ?

Je dis que c’est complètement débile, c’est irrespectueux, ça ne se fait pas de ne pas respecter les morts. On ne se comporte pas comme ça. C’est sans précédent, ce qui est arrivé. C’est arrivé au coeur de la capitale, et ça concerne tout le monde. Tout le monde a été touché, tout le monde a été meurtri par ce qu’il s’est passé. Ces gamins-là, c’est qu’ils ne sont pas éduqués, ils ne sont pas encadrés, ou ils ne sont tout simplement pas aimés. Je ne sais pas ce qui les a poussés à faire ça.

C’est la faute de l’école, ou celle des parents ?

C’est de notre faute à tous. On a tous une responsabilité là-dedans. Comment le XIXème arrondissement est-il devenu le bastion du terrorisme pour le monde entier ? Pour moi le XIXème arrondissement, où sont mes amis d’enfance, c’est le berceau du hip-hop, cette musique qui fait danser nos enfants, nos familles.

Pourquoi ce XIXème est devenu le berceau des djihadistes, si c’était celui du rap et du hip-hop il y a dix ans ?


Parce que, à cet endroit, on n’a pas su accompagner les acteurs, qui depuis toujours, font ce travail. Je pense à Saïd de Boxing Beats : il propose aux gamins de prendre cette frustration, cette violence, de la canaliser en tapant dans des sacs. Comme ils adorent ça, ils reviennent. S’ils veulent revenir, il faut qu’ils aient des bonnes notes. C’est ça son combat. Il en a fait des champions du monde, et des gamins de sa salle ont fait Sciences Po. Je pense au Père Guy Gilbert dans le XIXème arrondissement. Qui lutte de toutes ses forces, depuis des années, activement, contre toute forme d’obscurantisme. Son terreau, c’est les détenus, les avant-peine, les gens désoeuvrés. Il n’a pas un centime pour le faire. Et au-delà de tout ça, renforcer nos écoles, remettre le respect là où il doit être. Quand on rentre dans une classe, on se tait, quand le prof nous gronde, on ferme sa gueule, on baisse les yeux, c’est comme ça que j’ai grandi. Je passais mon temps dans les halls de bâtiment, j’étais cette petite caillera qu’on n’aime pas, qui passe son temps à agacer le voisinage. J’avais pas d’autre alternative, on se retrouvait dans des halls de bâtiment, on dansait, on parlait fort. Mais quand il y avait un père ou une mère qui descendait dans ce hall de bâtiment, on se taisait. On remet le respect là où il doit être, et je vous jure que ça ira beaucoup mieux. On renforce les gens qui font le travail depuis des années, je vous jure que ça ira beaucoup mieux. On prend en considération ces gamins, on les aime, on les écoute, je vous jure qu’on fera de ce pays une merveille.

Quand je vous ai appelé la première fois pour témoigner, vous m’avez dit "c’est quinze ans de mon travail qui est foutu, là".

C’est ce que j’ai cru, parce que j’étais atterré, mais ce n’est pas la vérité. Évidemment, on a pris un vrai coup. Mais ce n’est pas pour autant qu’on a travaillé dans le vent, loin de là, au contraire. De plus en plus, j’ai le sentiment qu’il y a un nouvel élan. C’est bizarre à entendre, mais c’est presque une opportunité pour tout le monde, de reconstruire quelque chose de neuf.

Quatre millions de Français se sont levés, mais il y a aujourd’hui des militaires devant les synagogues, et devant les mosquées. Islamophobie, et antisémitisme de l’autre côté.

Les paroles et les actes islamophobes sont intolérables à entendre, au même titre que les actes antisémites. J’ai été, moi, musulman, victime d’antisémitisme. [Il rit] C’est marrant, c’est la première fois que je rigole depuis les attentats. J’ai accompagné ma femme en Israël, elle travaillait là-bas. On a été visiter tous les lieux de culte, on a commencé par la mosquée Al Aqsa, elle a mis un foulard, on a été sur le Mont des Oliviers, c’était extraordinaire aussi, c’était très fort. Ensuite on est arrivés devant le Mur des Lamentations, qu’on voulait visiter ; là, on nous a demandé de mettre une kippa, chose que j’ai faite, on m’a pris en photo, je me suis retrouvé dans Voici, et le lendemain dans les réseaux sociaux, j’étais un "sale Juif". Excusez-moi mais… C’est risible, tellement c’est n’importe quoi. Je sais ce que c’est que le racisme, l’islamophobie, et l’antisémitisme. Je cristallise plein de choses à moi tout seul.

Vous qui ce soir avez révélé quelque part votre foi, que pensez-vous de ces hommes et de ces femmes qui tuent au nom de Dieu ?

On ne tue pas au nom de Dieu, ça n’existe pas. Le terrorisme n’a pas de religion.

Mais il se sert de la religion, par contre.

C’est aberrant ! La religion c’est l’amour, la paix, la tolérance. C’est parce que mon père et ma mère m’ont filé ces valeurs, que ces valeurs leurs ont été filées par l’Islam, que je suis un mec sympa, un mec cool, ce sont toutes ces constituantes qui font de moi ce que je suis. La religion, en partie, et à cet endroit, j’ai jamais entendu parler de violence de toute ma vie.

Vous aviez vu ce drame arriver ? Vous aviez dit un jour qu’il y aurait plein de "Merah" en France.

Oui, j’ai eu le malheur de le dire, et je me suis fait allumer pour ça. Parce que je connais les quartiers profondément, parce que je suis issu de cet endroit, et parce que je sais ce que peut faire la frustration. Elle peut faire des dégâts terribles. Mais si aujourd’hui il y a un truc qui doit bouger, c’est de ne pas oublier. On ne doit absolument pas oublier ce qu’il s’est passé. On a oublié ce qu’il s’est passé après l’affaire Merah. Il n’y a rien eu, derrière. Aujourd’hui, on ne doit pas oublier. Après la réaction, l’action, et l’action concrète : qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

C’est un cri de colère ce soir, c’est aussi un cri de condamnation.

Oui. Plus jamais ça. Plus jamais cette terreur, il faut condamner fermement ce qu’il s’est passé. Tous ensemble, nous avons une responsabilité, et on ne peut plus faire comme si ça n’avait pas eu lieu. Ça a déstabilisé toute la France, la planète entière. Il faut être aujourd’hui dans "qu’est-ce qu’on fait maintenant", dans "demain". Pour plus que ces gamins ne se mettent à crier pendant la minute de silence, pour plus qu’on raconte n’importe quoi sur les réseaux sociaux… Ça passe par plein de choses : avoir affaire à des adultes concernés, avertis, qui les raccrochent aux valeurs de la République. Qui leur font re-aimer la France, pour les mêmes raisons que moi. J’aime la France de toutes mes forces, je la défendrai corps et âme. La France c’est ma mère, on touche pas à ma mère.


Interview de Jamel pour "Sept à Huit", par Thierry Demaizière, du 18 janvier 2015.



TRIBUNE : "Et maintenant, qu'est ce qu'on fait ?"

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On regarde la télévision, en attendant que le temps passe ? On pense à autre chose jusqu’à ce qu’on ne pense à rien ? On se lève, on se couche ? On répète encore mille fois que ces furieux n’ont rien à voir avec nous ? Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait alors ? On s’énerve, on se tait ?

Nous sommes Rachid, Melissa, Ramdane, Faiza, Bernard, Alice, Mohamed, Mouna, Philippe, Mouloud, Brigitte, Mehdi et Badrou, Mustapha et d’autres. Nous sommes artistes, galeristes, entrepreneurs, chômeurs, vendeurs, étudiants, journalistes, en galère ou en réussite. Nous sommes nous tous. Français, chrétiens ou bouddhistes, musulmans ou juifs, shintoïstes ou athées. Terrifiés.

Mais prêts à la mobilisation citoyenne contre les esprits sombres. Prêts aussi à apporter de la lumière, de la beauté, de l’amour, dans un pays où tout ça n’était pas forcément évident ces derniers temps. Prêts à résister, à se battre s’il le faut, par les mots, par la pensée, par l’art, par le travail.

Nous avons chacun notre destin, nés ici ou arrivés de loin, en France. Nos parents ont aidé à reconstruire notre pays. Entretenons leurs rêves. Nous savons chacun que ce pays a contribué à nous construire, qu’il a nourri nos imaginaires, nos fantasmes, nos possibilités, nos réussites.

La France, notre pays, a été le moteur, nous avons fait le reste : écrire, créer, penser, vivre. Nous défendons son esprit, nous le portons. Nous contribuons à faire vivre la France d’aujourd’hui, à créer la France de demain avec nos idées, nos envies et nos passions. Nous continuerons.


Ces assassinats sont l’expression du pire. Ces morts sont les nôtres.



Mais nous ne devons pas pleurer dans notre coin, nous devons unifier nos larmes pour qu’elles deviennent un flux, une force. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Ensemble, soyons solidaires. Restons debout !

Les signataires de ce texte sont Elena Amalou, étudiante, Mouloud Achour, journaliste, Mourad Belkeddar, producteur, Malik Bentalha, humoriste, Mustapha Bouhayati, directeur de centre culturel, Abdel Bounane, éditeur, Youness Bourimech, entrepreneur, Alice Diop, cinéaste, Jamel Debbouze, artiste, Ihab Djaé, étudiant, Hana El Hjeri, vendeuse, Faiza Guène, écrivain, Mohamed Hamidi, cinéaste, Karim Idir, entrepreneur, Rabih Kayrouz, créateur de mode, Lyna Khoudri, étudiante, Tariq Krim, entrepreneur, Ladj Ly, cinéaste, Mourad Mazouz, restaurateur, Laïla Marrakchi, cinéaste, Mehdi Meklat, journaliste, Mouna Mekouar, commissaire d’exposition, Ali Mrabet, entrepreneur, Nordine Nabili, journaliste, Philippe Parreno, artiste, Djamila Said, comptable, Badroudine Said Abdallah, journaliste, Rachid Taha, musicien, Melissa Theuriau, journaliste, Ramdane Touhami, entrepreneur, Bernard Zekri-Ouddir, journaliste.

UNE INTERVIEW MULTI PARTAGEE
Retrouvez l'interview touchante de Jamel concernant les attentats contre Charlie Hebdo.